Pour information, l'Ere du Repos est le titre générique d'un ensemble de 4 ou 5 textes de science-fiction décrivant l'ère du repos, une époque future et imaginaire. Le premier texte, que j'ai déjà écrit et dont des fragments ont été publiés ici, s'intitule Chasseurs d'Escargots. Le second texte, dont voici un nouvel extrait, porte le titre de La Machine de Langage.
Le présent texte est écrit au passé, car il est récité par un des acteurs du récit principal. La Machine de Langage sera sans doute un récit au présent, mais agrémenté de sous-récits provenant du passé.
La trépanation avait bon dos dans les métropoles.
Le présent texte est écrit au passé, car il est récité par un des acteurs du récit principal. La Machine de Langage sera sans doute un récit au présent, mais agrémenté de sous-récits provenant du passé.
La trépanation avait bon dos dans les métropoles.
Il y avait ce qu'on appelait un peu au hasard et par goût du
néologisme la pictoctomie. Il s'agissait pour des chirurgiens spécialisés dans
le cerveau et les centres nerveux de pratiquer l'ablation d'une toute petite
zone du cortex lié à la vue qui conditionnait la reconnaissance des images. Une
fois privé de ce bout de chair, les patients étaient dans l'incapacité d'apprécier
la présence d'une image. Ils les voyaient, mais ne les remarquaient pas. Pour
eux, une image se fondait en surface et en motif. Le plus curieux, c'est que
cette opération n'affecta que peu la capacité de lire. Elle nécessitait néanmoins
une certaine rééducation, et ne pouvait se faire que face à un spectre bien définit
de caractères et au prix d'efforts laborieux.
Certains patients montrèrent une forme de résistance. Cette
résistance provenait des gènes mutants du cerveau des deux dernières
générations. Si une partie du cerveau subissait une ablation, il y avait des
chances pour que ladite zone se régénère en partie. Comment ? Certains
observateurs soutenaient que les cellules nerveuses ont un plan de principe de
toutes les cellules les entourant directement, tout comme les harengs ont une
représentation de l’espace tridimensionnelle les renseignant sur la position
exacte de tous leurs congénères autour d’eux, quand ils sont en banc. Si les
cellules venaient à être détruites, leurs voisines pouvaient régénérer celles
qui leur étaient directement contigües. Celles-ci renaissaient elles-mêmes avec
leur potentiel de « connaissance »
diffuse de leurs voisines directes.
Si néanmoins le trou était trop étendu, il ne se rebouchait
jamais complètement. La solidarité des neurones avait ses limites, des limites
purement spatiales.
Ainsi pouvait-il être dit que la connaissance du cerveau était
elle-même contenue dans les cellules le composant, sorte de conscience
instinctive de son étendue, et de son plan de réseau.
Certains « sauvaient » les pictoctomés en les
emmenant dans la nature la plus sauvage, avec des ordinateurs. L’isolement, le
relais que faisait pour eux l’humble machine, ainsi que les capacités
naturelles de récupération du cerveau, lui permettaient de recouvrer entre 40
et 80% des capacités perdues.