mardi 16 juillet 2013

Viens quand tu veux

Faire et laisser être, marcher et laisser courir... Tout paysage est beau à voir, toute route est bonne à marcher (sans métaphore), vraiment, toute route, quelle que soit sa qualité, supportera mes pas, car mes pas sont légers et n'engagent que mon poids, qui est faible... Car j'ai une confiance imbécile en la solidité du sol.
J'aime aimer, j'aime te respirer, car te respirer ne te coûte, ne me coûte rien.
Pourquoi nous a-t-on appris que seules les choses de valeur pouvaient être aimées?
Je ne pousse pas comme les plantes, je ne pousse pas comme les roches, je ne pousse pas comme les cailloux dans les plantes ni comme les escargots dans les salades... Je ne pousse pas comme les villes faites par les gens, tous ces gens tranquilles qui gagnent leurs vies en construisant des villes...
Cependant je pousse, j'ai d'eux la vie minuscule. Je pousse mon squelette, je pousse mes câbles, je me pousse dans ta générale direction.

dimanche 14 juillet 2013

Marla Zemanova






Marla Zemanova est née en 1999 à Buenos Aires de parents tchèques. Son nom (qui est en fait le nom de sa mère, elle se fit toujours appeler par ce nom) signifie certainement « homme de la mer », ou « marin », et est certainement d’origine allemande. Ses parents s’étaient rencontrés dans les années 60, au Mexique. Son père était à moitié français et de fait l’envoya au Lycée Français de Buenos Aires. Sa langue d’expression est le français, bien qu’elle ait aussi produit un important corpus de poèmes en espagnol et de textes théoriques en tchèque. Entre autre, elle fut sa propre traductrice dans ces deux langues, ainsi qu’en anglais, langue qu’elle maîtrisa assez vite à la suite de ses années de lycée.  Elle vint autour de l’année 2020 en France, à Brest, étudier l’architecture et surtout l'urbanisme. Elle partit ensuite à Berlin compléter ces études et rédiger une thèse sur l’histoire d’internet. Ses notes, compliquées à lire pour les spécialistes, parlent de la « ville immatérielle ». Cette période est marquée par de nombreux voyages en Asie (Chine), en Afrique (Nigeria) et au Brésil. Âgée de 26 ans, elle étudia la cybernétique, puis l’écologie, à Prague. Les années qui suivirent la rédaction de sa thèse furent marquées par une grande misère : l’économie européenne s’effondrait, et avec elle l’administration et les structures. Malgré cela, elle mena un travail très dense de recherche.  Au moment où l'Europe et l’Amérique du Nord sombraient, elle avait déjà écrit une très grande partie d'une théorie générale d'architecture et d'urbanisme qui se composait de deux parties, mais la rédaction de son œuvre s’échelonna sur presque trente ans. La première partie, la plus vaste, portait un regard rétrospectif sur l'urbanisme depuis Babylone jusqu'aux mégapoles mondiales du début du 21ème siècle. Dans cette partie, elle s'attacha à relier sans cesse les faits archéologiques aux projets purement plastiques et littéraires. La fin de cet ouvrage colossal fait intervenir les notions importantes qu’elle a appelé « l’écologie des machines » et « l’architecture du Réseau ».

La seconde partie est plus mince mais tout aussi dense.  Elle y développe une théorie urbaine qui refond entièrement l'aspect des villes du monde, sans pour autant organiser de lourdes destructions. Au contraire, elle s'occupe au maximum de construire entre les choses existantes  et d’imaginer de nouveaux usages aux structures déjà présentes.
Sa théorie ne s'arrête pas aux villes, mais couvre les espaces infinis des zones périurbaines, repense entièrement les parcs naturels, se débarrasse allègrement de la notion de propriété foncière, foulant au pied celle de frontière et d'état. Elle s’attache à donner une explication précise de ce qu’elle appelle la « ville immatérielle » : une importance primordiale donnée à internet et aux réseaux de communication dans la structure matérielle même des villes et l’organisation des activités en elles. Les deux livres furent imprimés et reliés à Amsterdam autour de 2059, mais la diffusion la plus importante fut faite via internet. Ils ne reçurent jamais de titre : le premier éditeur prit la liberté de nommer le premier livre « Dédale et les fourmis» et le second « Théorie des toits ». Sur Internet, les livres étaient simplement connus sous le titre « Théories de Marla Zemanova, volume 1 & 2 ».

Elle est probablement morte entre juin 2072 et octobre 2073, dans l'agglomération d'Amsterdam. Personne ne sait de quelle cause, de nombreuses épidémies et troubles sévissaient dans cette région durant le dernier tiers du 21ème siècle.


mardi 9 juillet 2013

Poésie



La boîte crânienne
Est un bol d'os
Recueillant de la soupe de cerveau.





mardi 2 juillet 2013

Fragment sans titre

Je sais où tu es, je sais où tu te trouves derrière les montagnes et dans une ville au milieu des forêts, je sais comment me rendre là où tu vis et je sais que tu m'accueillerais si j'arrivais à l'improviste. Je sais comment et où te joindre, je connais les adresses, les canaux et les connecteuses. Mais au fond je préférerais devoir te chercher quelque part sur le continent, de la même manière que je dois chercher de la nourriture, du travail et un endroit où dormir.