jeudi 28 novembre 2013

Agressif

Parfois j'écris des scénarios pour des courtes vidéos absurdes. Celui-là est assez violent. C'est une sorte de Cain et Abel où Cain n'a aucun motif pour faire mal à Abel, et où Tim est venu pour aider Cain à molester Abel.
Je cherche un financement et de l'aide pour aller m'amuser avec une caméra! Une cinquantaine d'euros pour la confection des costumes, une soixantaine d'euros pour payer un bon restaurant à ceux qui feront les personnages, une vingtaine d'euros et un conducteur dans une voiture pour m'emmener là où je veux filmer, dépendamment de la distance, et aussi une dizaine d'euros pour acheter des DVDS. Ce projet est aussi cheap qu'il en a l'air.
Ne vous pressez pas pour me faire part de votre désir fou de faire la star dans un de mes immondes costumes: je ne sais encore ni quand, ni où, ni dans une certaine mesure pourquoi.

Paysage. Sans doute l'hiver, mais rien ne le dit clairement, car il n'y a pas d'arbre. L'herbe est bien trop verte, il y a un peu de vent et du ciel gris. Est-ce un pré, un terrain vague ? Dans l'idéal, la caméra pourrait regarder d'un point de vue légèrement surélevé, elle est posée sur pied. Un fossé au premier plan offre une vague perspective molle.
Arrive un personnage. En voici deux autres, habillés de manière un peu similaire (demi-saison post-apocalyptique). Peut-on mieux en déduire l'époque de l'année ? Sûrement pas, et ça n'a pas de réelle importance. On devrait savoir qu'il fait suffisamment froid pour qu'il soit nécessaire de se couvrir. Le premier porte un genre de sac à dos qui est sûrement assez lourd et une écharpe qui se défait souvent et qu'il tente de remettre d'un geste par-dessus son épaule. Les deux autres voyagent plus légèrement, avec des sacoches qui pendent à leur côté. Il est assez clair que 2 et 3 poursuivent 1.
Les trois personnages peuvent arriver soit de la droite de l'image après un plan un peu trop long sur le néant. Meilleure option : ils peuvent apparaître d'un bout d'horizon situé à peu près à droite et s'approcher de la caméra jusqu'à une distance d'environ 4 mètres, qui devrait également être la distance entre eux et le fossé. Toute la durée de leur approche se faisant au pas de course, et dans des conditions difficiles pour 1, la fatigue réelle des acteurs jouera un rôle important dans la suite des événements.

L'action en elle-même est très courte et dure un fraction du temps d'approche de 1, 2 et 3.
2 parvient à s'approcher suffisamment de 1 pour attraper une des sangles de son sac à dos au moment où ils atteignent la distance désirée avec la caméra. Très vite 3 le rejoint et attrape l'écharpe de 1 qui pend dans le vide, tous deux marquent en pause pour se camper sur leurs membres postérieurs et tirer sur ce qu'ils ont en main tandis que 1 tente de poursuivre sa course. 1 peut montrer de la résistance, et même utiliser ses mains, mais il finit par abandonner en laissant son sac partir en arrière. Comme il reprend sa course avec un peu plus de facilité, toujours dans la direction du fossé, 2 se débarrasse du sac en le jetant dans une direction non déterminée à l'avance. 3 lâche l'écharpe qui tombe très lentement au sol.

(De l'ensemble de la scène depuis que 2 a attrapé le sac de 1, devrait se dégager une impression de ridicule. Ce ridicule sera certainement fonction des vêtements portés par les personnages, de la fatigue qu'ils ont enduré en courant sur une si longue distance, de leur apparente absence de vigueur. Les quelques secondes suivantes dans le même ton.)

2 et 3 rattrapent 1 à quelques pas du fossé, tirant cette fois sur son manteau. 2 donne quelques coups médiocrement dirigés dans les membres postérieurs de 1. 1 glisse, tombe une première fois, semble prêt à se relever, mais tombe finalement la tête la première dans le fossé.

Cut sans subtilité. Changement de point de vue. La caméra est tenue à la main et plus que certainement par 3, puisqu'on ne le reverra plus. On voit directement 2 de dos, à quelque distance, qui saute dans le fossé où se trouve de l'eau, et où 1 rampe avec difficulté : peut-être s'est-il cassé quelque chose ? La fin va très vite : 1 s'est retourné pour se protéger des coups que semble lui donner 2, 2 pousse des deux mains la tête de 1 dans l'eau, qui y disparaît complètement en se débattant faiblement ; 3 s'est approché suffisamment pour qu'on voit les détails de cette opération. Tout en le maintenant sous l'eau, 2 sort son couteau d'on ne sait où, poignarde 1 dans un région du corps impossible à déterminer à cause de l'eau, qui est très boueuse. 2 maintient 1 sous l'eau tout en retirant l'arme. 1 cesse progressivement de bouger. Aucune parole n'a été échangée. À présent 3 est si proche qu'on ne voit que le corps de 1 et les mains de 2 qui sortent progressivment de l'eau pour disparaître du champ. Cut sans subtilité et fin possible avec écran noir, date et remerciements.

Plan optionnel : on voit d'assez près les pieds de 1 dans des bottes le tout dans l'eau qui pointent en direction du ciel. Un peu de courant autour de ces bottes.

(Note additionnelle : il est important qu'à aucun moment il ne soit clair que cette agression ait une quelconque motivation.)


En prime, un .gif particulièrement fainénant et approximatif. Non, je n'ai plus de papier, oui j'écris sur des serviettes.


samedi 16 novembre 2013

Temps jaune, temps bleu

Il fait bon se laisser aller dans un monde de mots et de carrefours abstraits. Veuillez m'excuser si c'est vague.

J'ai déjà dû vous le dire, je m'aventure dans le quatrième volet de l'ère du repos, dont j'ai choisi le titre: Temps Jaune, Temps Bleu. Il devient de plus en plus évident que cette histoire vague d'animaux et d'humains est une route aux multiples ramifications, dont l'une peut croiser celle d'un autre récit en cours d'écriture. 

Et le point précis de rencontre de ces deux histoires, de ces deux temps et deux espaces, peut s'appeler "conversation des poissons".  Mais rien n'est écrit. Oh, on pourrait parler des heures des histoires non-écrites, ça ne cuira pas la choucroute. 

En prime, veuillez trouver en fin d'article un gif paresseux. 



Je ne suis plus disponible à cette adresse.
Viens me trouver, viens me trouver, viens me trouver...
Je ne suis pas difficile à trouver
Je ne suis pas loin,
Mon cadavre indique ma position géographique (x et y)
Je ne suis pas difficile à traverser...
Tout me traverse,
Tout le pays me traverse,
Traverse moi.

Tu avais du mal à respirer, la peur t'étreignait.
Tu courais mais tes pauvres baskets ployaient sous le poids de ton corps et de ton sac, et tu ne savais pas comment rendre tes bras utiles.
Quand on te demandait la raison de ce regard perdu et de ce grondement sous ta poitrine, tu ne comprenais pas ni n'arrivais à te faire comprendre.
Malade, tu cherchais les autres, les deux autres.
On ne pouvait pas s'empêcher de penser aux lourdes carpes prisonnières de l'aquarium dans l'immense restaurant vide. Clairement pas des bêtes à manger, si sales et tristes. Les bêtes condamnées à la sédentarité. Nées ici ? Tu me demande, pensant que je pouvais répondre. Capturées où, et dans quel but ?
Et toi penché à tenter de communiquer avec les carpes. On ne pouvait pas penser à autre chose qu'à ce qui pouvait bien composer leurs rêves.

Et trop fatigué pour penser, je ne me suis pas inquiété pas de rentrer dans les couvs avec des pieds sales, dans ce lit où les deux autres dormaient déjà et s'en fichaient. Je les ai rejoint après le travail, je les ai rejoint après l'effort colossal qu'avait demandé ma journée pour rester debout, j'ai dit un faible bonsoir et laissé s'écouler la conscience de mes yeux.
Réveillé au milieu de la nuit parce que deux chats se battaient sur le toit, je n'ai pas pu me rendormir ; Les deux autres de part et d'autre et inconscients dans leur voyage intérieur (sans doute partagé) me firent douter de ce que j'avais entendu.
Endormi finalement quand la lune verte se couchait. Endormi entre les deux autres, la chaleur de l'autre directement à ma gauche comme celle d'un chat mystérieux ronronnant, tard le matin. Réveillé à nouveau par un faible mouvement : la course du soleil fait jouer la loupe de la fenêtre sur ton mollet enserrant les couvs, ton mollet chauffe tant que tu le dégage du rayon en roulant de vingt centimètres sur le côté, me poussant vers l'intérieur du lit où le troisième ne dort déjà presque plus.





lundi 4 novembre 2013

Histoire de deux chiens

J'ai une idée pour un nouveau livret de l'ère du repos, quatrième partie, qui pourrait s'appeler Temps Jaune, Temps Bleu. Il y aura une vague histoire de chiens, de chats et de meurtre. En prime, une illustration paresseuse.

La chaleur des câbles... Le vent souffle et fait grincer les fenêtres, mais pas ici, dans un autre temps et un autre espace. Le cerveau ne peut plus compter ni marcher, ne peut pas situer le reste de son corps, devenu objet flottant entre d'autres objets de nature très différente ; autrement que dans un filet de ressentiments et de pressentiments. La chaleur des ampoules est partout la même, la chaleur des chaises, la chaleur des arbres, et il y a cette histoire de chien dont je ne parviens pas à me souvenir.

Dans la pluie sont venus deux chiens sans noms, que par facilité on peut appeler Nord et Sud, ou A et B ; ils mangeaient des plantes et la viande morte trouvée par terre, ou donnée par des passants. Ils ne savaient pas tuer, et d'ailleurs il n'y avait rien à tuer, ou si peu. Les animaux sont bien trop durs à attraper et à mettre à mort, ils se défendent, ils tiennent à la vie ; pour les y arracher il faut très bien les connaître, et les chiens les fréquentaient sans les connaître vraiment. Il y a une histoire avec ces deux chiens qui venaient toujours ensemble comme une seule chose double, qui sont morts maintenant, mais je ne me souviens pas de ce qui leur est arrivé ni de pourquoi leur histoire a une quelconque importance. Leur monde, c'était les animaux, les arbres, le boucher, les passants, le soleil derrière leurs paupières closes, la nuit et les étoiles, les ampoules électriques et les ivrognes, les arbres et les vélos, les chaises et les portes, les cours intérieures et la pluie.

Ils ne connaissaient que la nuit. Ils se battaient souvent, ensemble ou avec les gens, avec le boucher, avec les passants. Je les ai vu courir après des gens dans le soir, des gens portant des écharpes terriblement longues, qui pendaient... Je ne sais pas si ils voulaient jouer, ou tuer ; si ils voulaient réclamer de la viande ou des fruits.